Action éducative
L’objectif premier de l’association lors de sa création a été de permettre une rencontre entre le public local de Villiers-le-Bel et le monde de l’art. Le service culturel de la ville a d’autre part souhaité que l’association puisse organiser des ateliers de pratique artistique, pour combler une lacune dans l’offre culturelle locale. Cela a pris dans un premier temps la forme de « résidences d’artistes », proposées à Agnès Caffier et Denis Moreau en 2008 – 2009, puis un projet spécifique a été monté avec le soutien de la Fondation de France avec l’artiste Christine Crozat en 2009 – 2010, tandis que se mettait en place le principe d’un atelier hebdomadaire, confié à l’artiste François Schmitt. Cet atelier a démarré au sein de l’école Jean Moulin, puis a été déplacé à la maison de quartier Boris Vian à partir de la rentrée de septembre 2010 afin de sortir du cadre périscolaire et de s’adresser à un public élargi. L’offre de cet atelier a été enrichie durant l’année 2011 – 2012 par un atelier BD ; intervenants : Bastien Orenge et Thomas Verguet, Karine Lambin.
La pratique sous la direction d’un artiste a évolué du cours hebdomadaire (avec à la suite de François Schmitt Emilie Satre et les Ateliers arrosés) vers des actions ponctuelles ou périodiques: une intervention d’Aldo Caredda à la maison de quartier Boris Vian; un atelier photo sous la direction de Bruno Boudjelal en partenariat avec l’association IMAJ en 2012, suivi par un atelier photo sous la direction d’Arnaud Gamba à la maison de quartier Boris Vian avec le soutien de la Fondation Aéroports de Paris en 2014 ; des ateliers de graff sous la direction de SWEN à partir de 2014, de streetart avec Patrick Pinon depuis 2019 ; un atelier sous la direction du photographe Alejandro Erbetta en partenariat avec la maison de quartier Allende (appel à projets DRAC Culture et lien social), mené depuis 2020…
Mais ce volet a également pris la forme d’un engagement dans l’Éducation Artistique et Culturelle des établissements scolaires locaux du premier et du second degré: ateliers intergénérationnels en partenariat avec l’hôpital Charles Richet, avec comme intervenants Emilie Satre (2012 – 2013) puis Bénédite Topuz et Catherine Van den Steen (entre 2013 et 2016), puis organisation de deux résidences territoriales d’artiste en établissement scolaire avec l’artiste Eden Morfaux en 2014 – 2015 (collège Léon Blum, Villiers-le-Bel) et 2015 – 2016 (lycée Jean Bullant, Ecouen). Implication en 2021 – 2022 dans le projet ‘Points noirs’ dans le quartier du Puits-la-Marlière, avec l’artiste Emmanuel Colombani (collège Léon Blum, école élémentaire Paul Langevin 2).
La pratique sous la direction d’un artiste s’inscrit cependant à nouveau à partir de la rentrée scolaire 2022 dans le cadre des cours réguliers, avec un atelier manga, plus spécifiquement destiné à un public jeune, en partenariat avec Quartier Japon ; cet atelier sous la direction de Vivien s’inscrit dans les temps d’ouverture de la Micro Folie le samedi après-midi, de manière à en renforcer la dynamique.
Avec la pratique sous la direction d’un artiste, il s’agit de sensibiliser à la démarche artistique dans ce qu’elle a de singulier, c’est-à-dire de mettre le public en contact avec la création artistique contemporaine et de favoriser l’appropriation d’un langage et de techniques spécifiques.
Les cours hebdomadaires ont été confiés à partir de la rentrée de 2014 à Béatrice Martin, diplômée de l’ENSBA, titulaire d’une maîtrise en arts plastiques et enseignante. Il s’agissait de proposer des cours généralistes, pour mobiliser un public amateur volontaire, avec pour objectif de constituer le noyau d’une école d’art locale. Les séances hebdomadaires se sont étendues à deux des trois maisons de quartier de la ville et à la maison Jacques Brel (Micro Folie). Ces cours ne sont pas conçus sur le modèle d’un découpage par tranches d’âge, leur dynamique repose sur l’accueil d’un public intergénérationnel, de l’enfance au grand âge. Ils s’inscrivent dans des structures socio-culturelles, au contact d’autres publics, dans la recherche des interactions possibles.
Le principe intergénérationnel implique de fait une ouverture : il s’agit de décloisonner les relations, en rupture avec les aprioris et les stéréotypes.
Ces cours croisent initiations techniques et approches thématiques, notions d’histoire de l’art et démarches individuelles. Ils exploitent des médiums graphiques et picturaux, ainsi que plus occasionnellement le volume, dans une logique d’apprentissage et d’approfondissement.
Le point d’entrée a été l’implication en 2019 dans l’action de la mission égalité mise en place par la ville de Villiers-le-Bel ; cette implication s’est d’abord traduite par des interventions dans le secteur familles de la maison de quartier Allende, pour y présenter la place des femmes dans l’histoire de l’art, de la Renaissance à l’art moderne (de Sofonisba Anguissola à Joan Mitchell en passant par Jeanne Jacquemin). Cette implication a pris une signification particulière au vu du public des actions de l’association, majoritairement féminin, ainsi que par rapport à la problématique de l’accès à la culture. L’égalité est ainsi devenue un thème récurrent (en particulier dans le cadre des sorties culturelles – en cela il recoupe une actualité riche), interrogeant la représentation du public de l’Art Tôt dans l’art – plus encore que ses propres représentations. La notion d’égalité prend en effet un sens spécifique dans le cadre d’un territoire excentré, où il croise celui de l’immigration et de l’acculturation.
Ce thème a été développé par le truchement de cours sur Zoom, initiés en 2020 dans le contexte de la crise sanitaire.
Il implique un questionnement de l’accès à la culture, qui définit la double orientation des activités éducatives : s’adresser à un public volontaire d’une part, mais également intervenir dans le champ socio-culturel auprès d’un public ne fréquentant pas les structures et les institutions culturelles. C’est là que la question de l’égalité prend tout son sens, dans la remise en question des préjugés et des stéréotypes.
Le projet pédagogique de l’association s’est orienté vers une logique d’action sur le cadre de vie du public local, dans une posture d’engagement pour une présence de l’expression artistique dans le quotidien. Cela correspond à une pédagogie de projet, qui recoupe la pratique sous la direction d’un artiste. Un projet inter-degré intitulé Habiter s’est ainsi mis en place en 2019 avec le soutien de la Fondation de France, en lien avec le projet du pôle culturel du collège Léon Blum. « Riche de mérites, mais c’est en poète que l’homme habite sur cette terre » ; cette citation de Hölderlin avait été mise en exergue pour la médiation de l’installation de François Schmitt à l’Espace Marcel Pagnol de Villiers-le-Bel en 2010.
Ce projet s’est ainsi déployé dans deux directions : d’une part des actions ayant pour finalité l’inscription d’un geste artistique dans l’environnement quotidien des élèves (en particulier le projet ‘Points noirs’, quartier du Puits-la-Marlière, sous la direction d’Emmanuel Colombani) ; d’autre part l’expérimentation d’un espace d’exposition au collège Léon Blum, qui devait aboutir à une installation participative sous la direction de François Schmitt, dans un espace conçu comme un lieu de détente au sein du collège (en lien avec le foyer). Il s’agit d’amener les élèves à prendre en compte les différents environnements dans lesquels ils grandissent collectivement, de la salle de classe à l’environnement urbain, en y inscrivant un geste créatif qui fédère leurs propres imaginaires en une compréhension de l’adaptation de leur intervention à cet environnement pour y trouver une juste place.
L’objectif d’inscrire un geste artistique dans le cadre de vie quotidien recoupe les actions conduites par le graffeur SWEN et son collectif (projet nudging en 2020), ains que par le streetartiste Patrick Pinon (interventions dans la ZAC en 2019 et dans le quartier des Briques Rouges, 2021 – 2022). Il faut y ajouter un atelier mosaïque en 2020 sous la direction de François Schmitt, à l’initiative du développement local dans le cadre de l’ANRU, pour baptiser une place piétonne au pied des immeubles.